Interview

Grégoire Bertin - GBERTIN LEGAL

Si vous aviez à vous présenter, que diriez-vous de vous ?

Je suis venu dans mon métier par hasard. J’ai eu la chance de d’être formé par l’une des premières personnes qui a initié le marché du recrutement juridique et fiscal en France. Je suis resté dans le métier par plaisir. Je crois que j’ai toujours eu besoin d’aider les autres. Cela ne s’explique pas. Cela se vit.  

Quelle est votre perception de votre métier ?

J’exerce le métier de conseil en recrutement depuis près de trois décennies. L’important n’est pas durée de mon exercice mais la manière dont le métier à évolué. En près de trente ans, il est passé d’un rôle de pur intermédiation à un rôle de conseil tant vis-à-vis des candidats que des clients. Aujourd’hui, il est nécessaire de se mettre à la fois à la place des candidats et des clients pour mieux les rapprocher. Cela demande beaucoup d’écoute et plus encore de temps.

Cela n’a-t-il pas toujours été le cas ?

En un certain sens, oui. Ce rôle premier subsiste mais il ne s’agit plus seulement d’identifier des candidats au regard d’une fiche de poste mais d’accompagner vos interlocuteurs dans un projet commun. Les seules qualités techniques ne sont plus suffisantes pour occuper un poste et le vivre.

Que vous est-il demandé au juste ?

Une recherche des qualités de savoir-être au-delà du savoir-faire, donc la capacité à s’intégrer et à assimiler l’environnement du client au-delà de l’environnement immédiat du poste. A présent, je travaille plus sur les non-dits que sur le contenu. Les recrutements sont plus subjectifs tant parce que le marché à évolué que parce que les rapports humains sont devenus différents.

Pouvez-vous préciser ?

Le marché à évolué tant en termes de profils techniques recherchés, – de nouvelles compétences et spécialisations  apparaissent pour lesquelles il n’y a pas de référentiel historique – que parce que les qualités et aspirations des acteurs du marché ont évolué. 

Aujourd’hui, il y a une forme de détermination de tout à chacun de mener ses propres objectifs de carrière ceci de manière plus individualisme qu’auparavant. Les entreprises elles-mêmes évoluent dans leurs modes d’organisation. Au final, en tant que conseil vous devez capter ces évolutions pour les intégrer dans votre métier. 

L’identification de candidats et la sélection des candidats demandent beaucoup plus de temps qu’auparavant alors que la technologie rend les acteurs beaucoup plus visibles et permet de mettre en relation  plus rapidement les individus. Curieusement, cette surinformation et cette proximité des acteurs détruisent progressivement la communication entre eux. Je suis donc là pour recréer un lien de proximité et d’échange entre mes interlocuteurs.

Ce qui revient à ?

Tout simplement à l’écoute mais aussi à la reformulation des aspirations et réels besoins de mes interlocuteurs. C’est en cela que mon rôle de conseil est important. Je m’efforce à faire comprendre qu’il faut revenir à des fondamentaux et à du bon sens. C’est aussi pour cela que mon rôle et celui de mes confrères à vocation à perdurer.

Avez-vous un exemple de mission où le bon sens à prévalu ?

Je me souviens d’un Président de société qui souhaitait remplacer son juriste. Au regard des aspirations qui voulait porter pour son entreprise je lui ai suggéré de recruter un Directeur Juridique, ce qu’il a fait. Il n’a jamais été question de technicité du candidat – cela allait de soit, mais d’identifier la bonne personne. 

Les critères étaient : une personne qui a de l’audace, qui me challenge et qui soit porteur de rupture. Le processus de recrutement ne comportait qu’un seul entretien. L’unique question posée était « parlez-moi de vous ».

En conclusion ?

Je dirai que mon rôle est d’être aux cotés de mes interlocuteurs pour les accompagner. Que ceux-ci ne nous voient pas seulement comme des intermédiaires que l’on contacte après avoir essayé sans succès de son propre côté mais comme des partenaires. Je passe du temps à connaître mes interlocuteurs. Ce temps je le leur donne.